Le nouvel Indice d’Accès aux Vaccins révèle le premier panorama des actions des laboratoires de vaccins pour améliorer la couverture vaccinale
Les vaccins font partie des interventions les plus efficaces et les plus rentables dans le domaine de la santé. Toutefois, l’OMS estime que 19,4 millions d’enfants à travers le monde ne reçoivent toujours pas les vaccins de base.
Il y a un monde à gagner par l’amélioration de l’accès aux vaccins », explique Jayasree K. Iyer, Directrice Générale d’Access to Medicine Foundation. « La communauté mondiale partage la responsabilité de veiller à ce que tout le monde ait accès aux vaccins. Les entreprises qui développent et fabriquent les vaccins ont aussi un rôle à jouer à ce niveau. Cet Indice a inventorié les actions des laboratoires de vaccins et les facteurs qui les incitent à agir : une étape décisive dans les efforts tendant vers une plus grande ouverture des marchés des vaccins.
L’Indice indépendant, publié lundi, a analysé les filières de recherche des entreprises et a identifié près de 90 projets de vaccins pour des maladies hautement prioritaires. Ces projets portent notamment sur plusieurs dizaines de vaccins inédits pour des maladies comme l’Ebola et plusieurs infections bactériennes mortelles. Si ces projets aboutissent, ces vaccins pourraient jouer un rôle crucial dans la lutte contre la résistance antimicrobienne. L’Indice constate également que les entreprises prennent des mesures pour prévenir les pénuries de vaccins et qu’elles tiennent compte, dans une certaine mesure, de l’accessibilité des prix lorsqu’elles fixent les prix. Toutes les entreprises considèrent l’éligibilité du pays au soutien de Gavi, un partenariat public-privé qui finance les achats de vaccins destinés aux pays à faibles revenus.
Un marché en expansion
Le marché mondial des vaccins se développe. Entre 2000 et 2014, il est ainsi passé de 6 milliards de dollars à 33 milliards de dollars, les ventes des pays riches représentant environ 65 % de la valeur totale. Les États dépensent plus en vaccins, y compris les pays pauvres. Bon nombre de pays à faibles revenus achètent des vaccins avec le soutien financier de Gavi et par l’intermédiaire d’organisations comme l’UNICEF. Entre 2010 et 2014, l’UNICEF a doublé ses dépenses en vaccins, lesquelles ont atteint 1,5 milliards en 2014.
L’Index a répertorié les actions de huit grands laboratoires de vaccins qui englobent les plus grands acteurs mondiaux en termes de résultats. GSK, Merck & Co., Inc., Pfizer et Sanofi, souvent appelés « les quatre grands », représentent environ 80 % des revenus de l’industrie mondiale des vaccins. Serum Institute of India figure aussi sur la liste. Serum Institute of India joue un rôle important dans le domaine de la santé publique mondiale pour sa large couverture géographique et ses ventes qui se montent à près de 1,4 milliards de doses de vaccins par an. Outre ces cinq fabricants, l’Indice évalue trois autres entreprises présentant un grand potentiel pour l’amélioration de l’accès aux vaccins : Daiichi Sankyo, Johnson & Johnson et Takeda.
L’Indice d’Accès aux Vaccins mesure l’activité des entreprises dans plusieurs groupes définis de maladies et de pays. Les maladies couvertes comprennent 69 maladies hautement prioritaires en matière d’amélioration de l’accès aux vaccins, dont 44 maladies pour lesquelles il n’existe encore aucun vaccin sur le marché et 25 maladies pour lesquelles des vaccins sont disponibles mais ces vaccins ont des problèmes d’accessibilité. La couverture géographique englobe 107 pays où le besoin perçu pour l’accès aux vaccins est très important.
L’Indice a étudié le comportement des entreprises dans trois domaines : recherche et développement, tarification et enregistrement et, enfin, production et distribution. Les huit entreprises ont toutes été évaluées en matière de recherche et de développement. GSK se classe en tête, suivie de près par Johnson & Johnson. Six des entreprises (Daiichi Sankyo et Takeda faisant exception) commercialisent des vaccins pour les maladies considérées et vendent des vaccins dans les pays considérés. Ces six entreprises ont donc pu être évaluées sur le plan de la tarification et de l’enregistrement ainsi qu’au niveau de la production et de la distribution. GSK se classe en tête dans les trois domaines tandis que Sanofi obtient de bons résultats dans tous les secteurs.
Les portefeuilles et les filières de recherche suivent les marchés
En ce qui concerne les portefeuilles et les filières de recherche, les huit entreprises évaluées se concentrent sur les maladies représentant de grands marchés mondiaux. Les maladies pour lesquelles le plus de vaccins sont commercialisés sont, par exemple, la maladie à méningocoque, la polio, la grippe saisonnière et l’hépatite (A et B). Les cinq maladies les plus ciblées par les projets de recherche et de développement sont la maladie pneumococcique, la grippe saisonnière, la maladie à méningocoque, le virus respiratoire syncytial virus et le papillomavirus humain, qui est responsable du cancer du col de l’utérus.
Recherche et développement : les entreprises actives en matière d’innovation
Les laboratoires de vaccins travaillent sur plus de 89 projets de recherche et de développement de vaccins concernant 35 maladies. Ce sont la maladie pneumococcique, le papillomavirus humain et la grippe saisonnière qui font l’objet de la plus grande attention. Cette situation s’explique en grande partie par l’existence d’incitations commerciales. Un tiers des projets des filières de recherche des entreprises ciblent une des douze maladies considérées par l’Indice pour lesquelles il n’existe pas encore de vaccin, notamment le virus Ebola et le VIH ainsi que E. coli, C. difficile, et les bactéries appartenant à la famille des Streptococcus et des Staphylococcus.
Une fois que le vaccin a été distribué en contexte réel, la nécessité de mener des activités de recherche et de développement complémentaires pour améliorer ou adapter le vaccin apparaît clairement, le cas échéant. Les adaptations représentent environ la moitié des activités de la filière de recherche des laboratoires de vaccins. L’adaptation la plus courante est l’élargissement de l’éventail des maladies (ou souches) contre lesquelles le vaccin protège. D’autres projets courants sont ceux visant à augmenter la résistance des vaccins aux variations de température, un aspect important pour les pays où la réfrigération n’est pas toujours possible.
Pour de nombreuses maladies considérées, les vaccins ne promettent pas de bénéfices importants, en particulier pour des maladies comme la lèpre ou la variole du singe qui touchent principalement les populations de pays à revenus faibles et moyens. « Pour ces maladies, notre recherche démontre la nécessité probable de mettre en place des mesures incitatives alternatives afin d’encourager les entreprises à mettre au point de nouveaux vaccins, tels que des partenariats publics-privés pour la recherche de vaccins ou des engagements d’achat en vrac de nouveaux vaccins », explique Jayasree K. Iyer.
Tarification et enregistrement : les entreprises tiennent compte de l’accessibilité dans une certaine mesure
Les programmes de vaccination engendrent des coûts considérables. Les prix des vaccins représentent une partie importante de ces coûts. Les laboratoires de vaccins ont la responsabilité de veiller à ce que les vaccins soient accessibles aux pays à revenus limités. L’Indice a évalué la mesure dans laquelle les entreprises tenaient compte de l’accessibilité des prix pour fixer les prix. L’indice a également comparé les efforts fournis par les entreprises pour assurer la disponibilité des vaccins, en les faisant enregistrer dans les pays à revenus faibles et moyens.
En ce qui concerne l’établissement des prix des vaccins, toutes les entreprises tiennent compte, dans une certaine mesure, de l’accessibilité des prix ainsi que des conditions socio-économiques du pays. Les prix des vaccins reposent également sur les coûts, qui englobent les investissements réalisés dans le développement clinique, et sur l’intérêt que le vaccin présente pour la santé publique. Le seul facteur considéré par l’ensemble des six entreprises évaluées est l’éligibilité du pays au soutien de Gavi. Les entreprises proposent en général des prix plus bas aux pays éligibles au soutien de Gavi.
Beaucoup de pays à revenus moyens ne sont pas éligibles au soutien de Gavi mais sont confrontés à des restrictions budgétaires dans le domaine de la santé. Pour ce qui est de la fixation des prix des vaccins dans les pays à revenus moyens, l’Indice ne constate pas clairement que les entreprises tiennent compte systématiquement de la capacité de payer des pays. Pour l’avenir, l’Indice conclut que les entreprises ont besoin d’une approche systématique de l’accessibilité des prix, en particulier pour les pays qui ne bénéficient pas du soutien de Gavi et qui ne participent pas à des programmes d’approvisionnement en commun par l’intermédiaire de l’OPS et de l’UNICEF.
Production et livraison : les entreprises prennent des mesures pour éviter les pénuries
La demande de vaccins peut être supérieure à l’offre pour diverses raisons, telles que épidémies, prévisions inexactes de la demande et interruptions de la production. Tous les laboratoires de vaccins évalués par l’Indice dans ce domaine prennent des actions pour adapter l’offre à la demande mondiale, ce qui suggère que les pénuries de vaccins sont, dans certains cas, détectées, limitées ou évitées. Quatre entreprises adoptent des mesures relativement énergiques : GSK, Johnson & Johnson, Merck & Co., Inc. et Sanofi. Comparés aux autres entreprises, ces quatre laboratoires prennent davantage de mesures déterminantes pour améliorer l’offre. Ces entreprises mettent ainsi en place des processus permettant d’augmenter la production au besoin et vérifient régulièrement si l’offre correspond à la demande prévue. Ces quatre entreprises se sont également engagées à rester sur les marchés de vaccins qui ne sont pas approvisionnés ou qui manquent de fournisseurs et à prévenir les acteurs du marché de toute réduction de l’offre.
« Les épidémies continueront de se déclarer », ajoute Jayasree. « Il est important, en particulier, que les laboratoires de vaccins continuent à améliorer les stratégies pour éviter les pénuries. Les laboratoires doivent participer aux débats quand les États et les autres intervenants œuvrent pour mettre en place des systèmes de santé solides. »
– FIN DU COMMINQUÉ DE PRESSE –
Note aux rédacteurs:
Matériels médiatiques: Les graphiques et les chiffres issus des conclusions principales et les autres chiffres du rapport sont disponibles sur demande.
À propos de l’Indice d’Accès aux Vaccins: L’Indice d’Accès aux Vaccins fournit un point de comparaison initiale des activités de l’industrie pour améliorer l’accès aux vaccins. Il examine où et comment les entreprises ont déjà passé á l’action pour améliorer la couverture vaccinale, et entraine des bonnes practices á l’attention des autres entreprises et parties prenantes qui travaillent dans le secteur des vaccins. Ces organisations pourront utiliser l’Indice pour informer leur priorités et stratégies, et clarifier où des nouvelles motivations sont nécessaires pour encourager un changement positive plus grande.
La méthodologie pour l’Indice a été développée avec des experts travaillant dans le domaine et l’industrie. La recherche a été révisée par un groupe de Conseilleurs Experts, y compris par la Clinton Health Access Initiative (CHAI) et Gavi, The Vaccine Alliance.
L’Indice d’Accès aux Vaccins a été développée par la Access to Medicine Foundation, une organisation à but non lucratif indépendante basée aux Pays Bas. L’Indice d’Accès aux Vaccins est financé par la Dutch National Postcode Lottery.