Les stratégies des laboratoires pharmaceutiques pour atteindre les populations pauvres sont en voie de maturation. Cependant, leur application ne s’étend que graduellement
L’Indice d’Accès aux Médicaments (Access to Medicines Index) de 2016, publié lundi, établit un classement des 20 principaux laboratoires pharmaceutiques en fonction des efforts qu’ils accomplissent afin d’améliorer l’accès aux médicaments dans les pays à faibles et moyens revenus. Cet indice a révélé que GSK, en tête du classement pour la 5ème fois, est particulièrement efficace quand il s’agit de faire correspondre ses activités, visant à favoriser l’accès aux médicaments, aux besoins particuliers de l’agenda d’accès aux médicaments.
GSK est rejoint en tête du classement par un groupe compact comprenant Johnson & Johnson, Novartis et Merck KGaA. L’industrie pharmaceutique est très diverse, et cela se reflète dans la façon dont chaque laboratoire aborde l’accès aux médicaments. Cependant, les quatre laboratoires de ce groupe de tête partagent certaines caractéristiques. Ils disposent des programmes d’accès les plus aboutis et de stratégies d’accès aux médicaments bien organisées soutenant le développement d’activités sur les marchés émergents, là où les besoins en accès aux médicaments sont élevés. Ce sont également eux qui montrent le plus qu’ils répondent à des besoins hautement prioritaires identifiés de façon indépendante.
L’Indice 2016 a évalué dans quelle mesure les activités d’un laboratoire en faveur de l’accès aux médicaments sont axées sur les besoins : si les actions répondent aux priorités spécifiques identifiées, par exemple, par les pays, la communauté sanitaire mondiale ou l’indice. À cet égard, l’analyse de l’indice révèle des performances inégales.
Les laboratoires commercialisent 850 produits pour les 51 maladies représentant le plus lourd fardeau dans les pays à faibles et moyens revenus, et en développent 420 autres. Cela inclut plus de 100 produits dont le développement a commencé en 2014 et 151 produits à faible incitation commerciale, mais dont le besoin est urgent, principalement pour les populations pauvres.
La majorité (67%) des projets de recherche concernant des produits à haute priorité et à faible incitation commerciale sont menés par les laboratoires dans le cadre d’un partenariat, révèle l’indice.
« Nous avons trouvé que les modèles de R&D collaboratifs incitent l’industrie à développer des médicaments dont le besoin est urgent et qui autrement n’auraient pas été pris en compte en raison de leur faible débouché sur le marché », explique Jayasree K. Iyer, Directeur exécutif de l’Access to Medicine Foundation. « L’approche de partenariat fonctionne. »
Les progrès en matière d’augmentation de la disponibilité d’un nombre plus élevé de médicaments se reflètent également dans la façon dont les laboratoires gèrent leurs brevets et dans la mesure dans laquelle ils permettent à d’autres fabricants de créer des versions génériques de leurs produits.
Depuis 2014, sept laboratoires ont publié des promesses nouvelles ou élargies selon lesquelles ils renonceront à leurs droits de brevet pour certains produits dans certaines régions. Davantage de produits contre le VIH/SIDA sont couverts par des licences volontaires, qui s’appliquent dans plus de pays qu’auparavant. Et, pour la première fois, ces licences sont utilisées pour élargir l’accès aux médicaments pour une maladie autre que le VIH/SIDA : l’hépatite C. Dans le monde, de 130 à 150 millions de personnes souffrent d’une hépatite C chronique.
Cependant, un produit ne peut être commercialisé dans un pays que s’il a été enregistré dans celui-ci. L’indice révèle que, pour leurs produits les plus récents, les laboratoires ne déposent une demande d’enregistrement que dans 25 % des pays identifiés par l’indice comme étant les plus prioritaires.
Rendre ces produits plus abordables économiquement est une autre pierre angulaire de l’amélioration de l’accès aux médicaments.
L’Indice révèle que les systèmes de tarification qui prennent en compte la capacité de payer sont appliqués à un tiers des produits concernés. Cet état de fait n’a pas changé depuis le dernier indice publié il y a deux ans. Seuls 5% des produits (44 sur 850) se voient appliquer ces stratégies de tarification dans les pays identifiés par l’indice comme étant les plus prioritaires, avec au moins un facteur socio-économique pris en compte. La plupart de ces produits sont des produits de GSK, d’AstraZeneca et de Sanofi.
L’indice révèle par ailleurs les autres éléments suivants :
Un quart des laboratoires (5) mettent en place de nouveaux modèles de fonctionnement dont le but est d’atteindre les populations à faibles et moyens revenus.
Les maladies faisant l’objet d’une attention particulière dans le cadre des activités des laboratoires visant à favoriser l’accès aux médicaments sont les cardiopathies, les infections des voies respiratoires inférieures et le VIH/SIDA. La R&D se concentre toujours sur cinq maladies, la priorité étant donnée aux infections des voies respiratoires inférieures, suivies du diabète, du paludisme, de l’hépatite virale et du VIH/SIDA.
La plupart des laboratoires travaillent au renforcement des systèmes de santé dans les pays à faibles et moyens revenus. Six d’entre eux adaptent en permanence ces activités aux priorités identifiées par les acteurs locaux, notamment les gouvernements.
Les laboratoires dont le classement a le plus amélioré étaient AstraZeneca et Takeda ; ces deux laboratoires ont considérablement développé et renouvelé leurs stratégies d’accès. AstraZeneca a ainsi gagné huit places dans le Top 10 et est arrivé en 7ème position, tandis que Takeda a gagné cinq places, arrivant en 15ème position.
Après avoir été dépassés par leurs confrères, Novo Nordisk, Roche et Gilead ont quant à eux enregistré la plus forte chute dans le classement.
« Cela fait maintenant 10 ans que nous évaluons ces 20 laboratoires. Nous savons ce qui fonctionne, et où. Des bonnes pratiques sont désormais en place : là où des mécanismes visant à encourager l’implication de l’industrie pharmaceutique, tels que la mise en commun de brevets, la mise en place de modèles de R&D collaboratifs, des initiatives multipartites et des engagements internationaux par rapport à certaines maladies existent, nous constatons que l’industrie répond présente », a déclaré Jayasree K. Iyer. « L’accès aux médicaments constitue une responsabilité collective et toutes les parties concernées – de l’industrie pharmaceutique aux gouvernements en passant par la communauté sanitaire mondiale – doivent se mettre au défi de favoriser le développement de ces efforts afin de s’assurer qu’ils concernent de plus en plus de produits, dans de plus en plus de pays, le but étant que ceux qui en ont besoin puissent accéder aux produits pharmaceutiques. »
– FIN DU COMMUNIQUÉ DE PRESSE –
Notes for Reporters / the Press
The Access to Medicine Index is published by the Access to Medicine Foundation, a non-profit organisation based in the Netherlands that aims to advance access to medicine in developing countries by encouraging the pharmaceutical industry to accept a greater role in improving access to medicine in less developed countries. The Index methodology was developed, and is continually refined, in consultation with multiple expert stakeholders including the World Health Organization, NGOs, governments and universities, as well as institutional investors. The Index is funded by the Bill & Melinda Gates Foundation, the Dutch Ministry of Foreign Affairs and the UK Department for International Development.